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L’engagement écologique sur tous les fronts

Les Jardins de Laurent Ollivier, à Saint-Vrain (91), exercent de nombreuses activités : entreprise du paysage, production horticole, vente d’outils destinés aux professionnels ou amateurs avertis, et même de la formation. Chacune est animée par un même souci : celui de respect de l’environnement.

Laurent Ollivier n’a pas attendu que l’écologie retrouve sa place au jardin pour se lancer.

Il fait partie des pionniers en la matière et en a fait le cœur d’une entreprise surfant sur plusieurs activités. Dès 1994, il a créé, à Saint-Vrain, en région parisienne, son entreprise du paysage avec la volonté d’infléchir un certain nombre d’habitudes de l’époque, à savoir le recours quasi systématique aux traitements phytosanitaires ou la réduction à sa plus simple expression de la palette végétale utilisée.

Dans les années 1980, un BEPA « 4 branches » et un bac pro de travaux « autant de préventif, surtout pour avoir toujours autant de parasites ! » Il appliquera le « zéro phyto » en 1997. « Les gens me disaient : « Tu vas te casser la figure. Tu auras de l’herbe partout et tu ne pourras pas t’en sortir », se souvient-il. Mais il est allé voir les maraîchers et arboriculteurs bio de la région, précurseurs eux aussi, qui l’ont rassuré et lui ont dit qu’il pouvait adapter leurs techniques dans le domaine de l’ornement…

Rapidement, le paysagiste constate qu’il est difficile de trouver une gamme végétale assez large pour créer des haies composées plus intéressantes pour la biodiversité. Rejoint par son épouse Dalila, qui était auparavant productrice de fleurs séchées, il lance donc une activité de production – Les végétaux d’ornementplantes de haies très fructifères, pour favoriser par exemple le rôle de « garde-manger » pour les animaux du jardin, sont accompagnés de plants de légumes qui se vendent bien sur les premiers marchés bio. « Ce sont les organisateurs de ces manifestations pionnières qui sont venus nous chercher », indique-t-il. « Nous étions peu nombreux à pouvoir y participer ». Aujourd’hui, l’entreprise expose sur de nombreux marchés un peu partout en France. Le plus important se situe à Colmar (68). À la même époque, Laurent Ollivier rencontre Olivier Grelin, héritier de l’inventeur de la fameuse Grelinette, qui facilite le travail du sol tout en évitant les défauts de la bêche. Il en perçoit vite les avantages et va commencer à la commercialiser. « Cet outil nous a aussi permis de générer des échanges avec nos clients, ainsi qu’avec d’autres entreprises qui se sont mises à nous en acheter », précise-t-il. En travaillant aussi sur les désherbeurs thermiques, et en sélectionnant finalement un appareil « fiable et assez puissant », Dalila et Laurent Ollivier ont constitué une gamme et sont partis sur le marché professionnel, participant ponctuellement à des salons comme Salonvert, Greenexpo en 2012, ou la journée technique annuelle de l’ARF Centre (Association régionale de fleurissement), voire aux journées de Beauvais (60), Versailles (78), Meudon (92) ou Marcoussis (91). paysagers, complétés par une formation sur les terrains sportifs et les grands parcs à Técomah, l’école d’horticulture et du paysage de Jouy-en-Josas (78), l’avaient pourtant amené sur les terres de ces pratiques paysagères classiques : gros chantiers à prix tirés et systématisation de pratiques d’entretien peu respectueuses de l’environnement. Prenant donc cet acquis à contrepied, Laurent Ollivier propose d’emblée à ses clients des services différents : « Je voulais revenir aux fondamentaux et créer une rupture. Le jardin est synonyme de bien-être, de détente et de repos. Il est incohérent d’y mettre autant de produits chimiques ».

Une gamme d’outils originaux et ergonomiques

Les Jardins d’Ollivier commercialisent des outils indispensables au jardin.

La Grelinette est plus rapide que la bêche pour travailler le sol, l’aérer, incorporer la matière organique sans retourner la terre afin de mieux respecter les couches du sol, préparer la terre, entretenir des massifs, décompacter les pieds des arbres… Elle existe en quatre tailles, comportant de deux à cinq dents.

La Jibinette longue se décline en deux tailles. Elle doit être tenue bien droite et s’utilise pour désherber et décompacter le sol, voire pour désherber les joints de pavage. Le modèle doté d’un manche court est conçu pour travailler en posture basse. Quant au modèle réduit, la Jifinette, il permet d’effectuer l’ensemble des petits travaux.

Le Jibinon est un outil d’arrachage très puissant, doté de dents de 25, 35 ou 50 cm. Il forme une pioche qui permet de travailler verticalement. Il s’utilise pour décompacter les trous de plantation, arracher les plantes indésirables dotées d’un important pivot… Cette gamme  comprend un désherbeur thermique. Des purins  de végétaux, fertilisants, paillages, composts, terreaux, labellisés Ecocert, Ecofert, Nature et Progrès, ou AB, complètent l’offre.

Toutes ces expériences permettent aujourd’hui à l’entreprise de proposer des produits et des  services cohérents organisés autour d’un objectif commun : « l’engagement écologique sur tous les fronts », souligne Laurent Ollivier. Deux salariés travaillent en espaces verts, avec une clientèle composée exclusivement de particuliers, tout en évitant les contrats d’entretien, compliqués à intégrer dans le calendrier des salons du printemps, en particulier. L’activité est surtout concentrée sur la création, d’octobre à mars. La production s’étend sur 3 000 m2 densément cultivés sous la houlette de Dalila, aidée d’un apprenti. Quant aux outils, ils sont commercialisés sur les salons, sur place, ou par correspondance, via le site internet www.au-jardin-bio.com.

Depuis quelques années, l’entreprise a développé des formations en partenariat avec la CNATP (Chambre nationale de l’artisanat, des travaux publics et paysagistes). Elle transmet également son savoir-faire à d’autres professionnels du paysage. Et plusieurs villes demandent des formations en interne, notamment en matière de désherbage…

Désormais, Laurent Ollivier voit la profession l’imiter chaque jour de façon plus marquée ; ce qu’il ne ressent pas comme une menace pour son activité mais plutôt une forme de reconnaissance du fait qu’il a perçu plus tôt que la plupart de ses confrères le besoin qu’éprouve la société de changer de modèle de développement.

Avec le recul, il estime que son adaptation n’a pas été trop difficile : « Il m’a fallu deux ans pour mener mes expériences. Ensuite, c’est devenu plus facile. Avoir de bonnes connaissances et un sens de ’observation  en éveil facilite le travail. Parfois un coup de sécateur permet de stopper une maladie ou une invasion de ravageurs. Trouver une parade aux ravageurs du sol, en particulier les taupins, est un peu plus compliqué. Mais, comme pour l’otiorhynque, il existe une méthode de lutte avec des nématodes. » Sinon, il faut parfois faire preuve d’imagination pour contrer un ravageur particulièrement difficile à gérer. Au printemps dernier, en production, l’entreprise a dû faire face à une importante attaque de campagnols qui détruisaient les semis de tomates en caissette. « Nous avons enfermé un chat dans la serre, distancé les aissettes et posé un grillage sur les semis. Ce n’est pas toujours aisé, mais le recours trop systématique à  la solution la plus simple, c’est-à-dire le pulvérisateur, est précisément l’élément qui nous avait conduits dans l’impasse», ajout’il…

Pascal Fayolles

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